L’enjeu algérien dépasse les frontières du pays

Les mots manquent pour qualifier les mobilisations d’hier. Il avait été souligné que ce vingtième vendredi de manifestations massives coïnciderait avec le 57ème anniversaire de l’Indépendance algérienne, et que cette date symbolique lui donnerait une dimension particulière. Au choix, ces manifestations ont donc mérité d’être qualifiées d’historiques ou de monstrueuses, ou bien des deux à la fois. Non seulement à Alger, mais également à Constantine, Oran, Tizi Ouzou, Bejaia, dans toutes les grandes wilayas et les moins grandes…

Le goût inoubliable de la liberté

Ahmed Gaïd Salah, le chef d’État-major de l’armée, est à fond de cale. L’offensive éclair contre la corruption qu’il a mené cette semaine contre le clan Bouteflika et les oligarques n’a en rien entamé l’exigence des centaines de centaines de milliers de manifestants qui, pour la 7ème fois, ont envahi les rues des grandes villes du pays afin d’obtenir un assainissement général. « Nous avons dit tous, c’est tous ! ».

L’épreuve de force est engagée dedans et dehors du système

 

Le clan Bouteflika aura tout tenté avec l’annonce de la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale laborieusement constituée. Mais son départ apparait comme inévitable. Il va démissionner d’ici la fin de son mandat, le 28 avril, a annoncé la présidence, pour éviter l’affront d’un « empêchement » et tenter de négocier une issue pour protéger ses proches. Toutes les rumeurs avaient ce matin circulé pour faire pression sur lui, dont la mobilisation de la Gendarme nationale. L’arrestation de personnes suspectées de corruption a un avant-goût d’épuration a dimension variable. Aucun nom n’a été donné à ce stade.

L’armée cherche à trancher à moindre frais

Ne s’embarrassant pas de subtilités, le général Ahmed Gaïd Salah a proclamé que « la majorité du peuple algérien, à travers les marches pacifiques, a accueilli favorablement la proposition  de l’armée », qui demeure « immuable ». Elle seule « s’inscrit dans le cadre constitutionnel et constitue l’unique garantie à même de préserver une situation politique stable, afin de prémunir notre pays de toute situation malencontreuse » précise un communiqué du ministère algérien de la Défense pour s’il était encore nécessaire, dissiper tout malentendu.